Encyclopédie du savoir inutile et dispensable.
« World Invasion : Battle Los Angeles », l’anti "Independance Day"
Pleins de trous dans la couche d'ozone... |
Un « petit » film passé tellement inaperçu que…
- il n’est pas sorti en salle,
- il a loupé la case départ,
- il n’a pas touché le pognon des spectateurs,
- il s’est retrouvé non pas en Prison,
- mais directos en DiViDi chez Vidéo-No Future !
Une histoire apparemment banale d’invasion alien, de guéguerre en plein Los Angeles fatalement rasée de près grâce aux vaisseaux d’E.T. féroces à 5 lames. La première lame déboule avec des météores, la deuxième lame débarque sur les plages, la troisième lame nettoie les rues, la quatrième donne la chasse aérienne (et même plus, si on rajoute un « i ») et la cinquième lame est évitée de justesse grâce au courage de quelques Marines.
Voilà, on y est. Encore un truc improbable où une poignée de pignoufs à tête brulée et crane rasé sauve le monde.
Reprenons depuis le début.
Narration assez classique : une courte introduction suggère fortement l’hypothèse d’une invasion alien, déjà subtilement annoncée avec le titre du film : « World invasion », ça a le mérite d’être clair, non ?
Ensuite, flash-back ,
… Aaaah « Flash-back »…, magnifique jeux d’Arcad(e) (et je salue mes potes au passage) période Amiga…,
…hmmm, hmmm… Retour-arrière !... avant d’être interrompu une fois de plus par moi-même : taisez-vous Big Bad, ou plutôt racontez, et ne faites pas de digression récursive !
Retour arrière, alorsss, centré sur un sous-off’. Un sergent et pas un cuistot, ni même un cuistre, et encore moins Steven Seagall. Pas un surhomme des SEALS ou de la Légion, non, un simple soldat joué sobrement par Aaron Eckhart, beau blond taciturne Redfordien, le genre à faire fondre les frangines même en Antarctique. Le héros est fatigué, il veut raccrocher, il en a trop vu, ça suffat comme çi.
Quelques autres trouffions sont aussi bien usés par l’Afghanistan, l’Irak et tous les joyeux théâtres d’opérations américaines commanditées par l’Oncle Sam, le Gendarme du Monde qui broie sans distinction les civils bronzés all around ze world comme ses propres soldats noirs, latinos et WASP.
On découvre des soldats fourbus de la chasse aux barbus qui n’en finit plus.
Un phénomène astronomique exceptionnel, une pluie de météorites, se transforme soudainement en débarquement. Débarquement ? Voui, mais à l’envers. Et, ici, ce n’est pas le soldat Ryan qu’il faut sauver, mais la ville de Los Angeles. Les vaisseaux extra-terrestres tombent tels des anges en feu sur la ville des Anges. Quelle surprenante ironie, non ?
L’armée US réagit le plus vite possible face à la surprise, mais c’est déjà trop tard. En face, les Vilains Hommes Verts ont mis le paquet, et le temps de dégainer son Colt, John Wayne s’est déjà pris un bourre-pif et un grand coup de latte dans les noix. C’est limite s’il n’a pas son slip sur la tête…
Que faire ? On évacue la ville dare-dare, car, d’ici une poignée d’heure, elle va être atomisée !!!
Fini le napalm de papa et le LSD de Coppola, on est au XXIème siècle, et face à des bestioles pas commodes, on les bute à l’uranium craspèque, on négociera la sortie du nucléaire APRES le barbecue des envahisseurs !
Des commandos de Marines sont envoyés pour récupérer des groupes de civils isolés dans le temps limité de l’opération Boum-Badaboum.
C’est là que commence vraiment le film, et on est à peine à 15 minutes du début.
Peu de moyens, c’est traité comme un documentaire sur l’armée, caméra à l’épaule.
Plans rapprochés sur la double trouille de ces gars qui ne savent pas sur quoi ils vont tomber ET qui doivent rentrer à la maison avant le passage général à l’atome.
Plans rapprochés aussi sur une ou deux grandes gueules mythos, il en faut bien, quelques soldats bien bourrins et bourrés de testostérone, pile-poil le genre de gars qui me fait apprécier d’avoir évité mon service militaire…
Gros plan sur le sergent Aaron qui regrette de ne pas avoir posé sa dém’ une semaine plus tôt.
Grosses allusions à sa dernière mission, une catastrophe d’où il en est revenu avec ses compagnons d’arme entre quatre planches. Ce gars se traine une sale réputation de mauvais sous-off’, de lâcheur, de boucher. Bref, aucun soldat n’a confiance en lui, et à partir de là, les apartés fusent comme les balles au creux des oreilles.
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L’essentiel du film se passe au cœur de l’action, avec ce groupe de soldats qui improvise au fur et à mesure. Rien ne se passe comme prévu, il leur faut sans cesse s’adapter pour se sortir de ce merdier avant le zéro fatidique du largage du croisement de Little Boy & Fat Man modèle Hiroshima-Nagasaki amélioré Vietnam modifié Irak.
Points de grandes scènes d’ennui numérique à base de destruction massive. C’est quasiment du corps à corps.
Peu de scènes de bravoure, juste ce qu’il faut pour donner de la patate, mais de la patate douce-amère, car on doute sur l’efficacité du résultat. Exemple : le jeune lieutenant complètement dépassé par les évènements est mortellement blessé. Il décide de se sacrifier pour donner quoi, cinq-dix minutes de répit au reste du groupe ?
C’est une partie d’échecs que l’on joue face à un Kasparov dopé aux amphèt’ assisté de Rocky Balboa gavé de stéroïdes (pléonasme). Quoi qu’on fasse, on se fait bouffer et on en prend plein la gueule.
Question dialogues, pas de blabla inutile, de grandes envolées lyriques boursouflées écrites par les scénaristes des « Feux de l’amour ». Au contraire, des trouvailles très justes, comme par exemple le déballage entre le Sergent Aaron et les soldats survivants : « Alors, Sergent, on va tous crever ? Comme ceux de votre dernière mission ?».
Au lieu de sortir des grandes phrases creuses pour se justifier, le type déclame la litanie morbide des disparus : nom, grade, matricule. Il se souvient de tout, il se le ressasse sans cesse. C’est sa malédiction, il vivra avec les fantômes de ses frères d’armes jusqu’à ce qu’il les rejoigne. Et il laisse pointer une once d’humanité et de sensibilité, oui, ses camarades lui manquent. C’est sobre, efficace et émouvant.
A partir de ce moment, le groupe trouve enfin sa cohésion et ne la perdra pas, le sergent maudit devient le chef d’équipe avec toute la légitimité qui lui est due.
Pour le spectaculaire, une idée de génie pour trouver le point faible des « fourmis » (nom affectueux donné aux aliens) donne le moyen de voir une belle scène d’action bravache. Une jolie opération de commando, infiltration d’une poignée de marine dans le vaisseau amiral, ils font tout péter, et ouf, on respire c’est le happy-end de rigueur.
Une fin pas forcément joyeuse avec L.A. complètement outragée, brisée, martyrisée et pas prête d’être libérée.
Dernière scène : Un gradé quelconque accueille le commando et leur offre le petit déjeuner pour les remonter. Au lieu de prendre de la bouffe, les types rechargent leur armes, se bourrent les poches de grenades et autres bonbecs avant de repartir botter le cul à E.T. « On a pris notre p’tit déj’ » réplique le Sergent Aaron. Ce genre de phrase serait ridicule dans n’importe quel sous-Rambo, ici, c’est crédible, car dit par des personnages réels.
Conclusion : pas d’esbrouffe à base d’effets spéciaux neuneus, rien d’énormissime, juste des personnages humains, très humains. Et on y croit !
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