Encyclopédie du savoir inutile et dispensable.
Iron Sky : Croix de Fer, Croix d'Acier, si je mens, je vais sur la Lune...
On viens en Paix... c'est c'la, oui... |
(déjà paru sur le Déblocnot' que je vous conseille fortement : http://ledeblocnot.blogspot.fr/)
« Peut-on rire de tout ? » se demandait Pierre Desproges face à Jean-Marie Le Pen quand celui-ci n’était encore qu’une curiosité du petit écran des années 80 débridées comme le pot de ma moto-bylette 80 cc.
Dans cette décennie bling-bling avant l’heure, on ne se pausait pas la question : on se marrait, point barre !
Dix ans plus tard, une amorce de retour à la morale malgré les résistances des Nuls, de De Caunes-Garcia et autres furieux 90’s.
Le nouveau millénaire post 9/11 a le rigologramme à zéro, tout est redevenu tabou à cause d’une épidémie de bien-pensance galopante. Quel ennui…
Alors quand une bande de vikings mal élevés débarquent avec un truc aussi inattendu que « Iron Sky », on applaudit des 4 mains, retrouvant ainsi une nature simiesque, naïve et sincère face au spasme zygomatique que des pisse-vinaigre bio ont définitivement rayé du genre humain.
En 2018, une expédition lunaire est organisée par les USA dans un but délicieusement propagandiste : « A black man on the Moon ? Yes we can ! ». En plus d’envoyer un homme noir dans l’espace, il s’agit en fait de trouver des gisements d’hélium-3, qui est comme chacun sait l’isotope à deux protons de l’hélium promettant des lendemains joyeux et sans pétrole.
Manque de pot, ya déjà du monde. Et pas les plus pacifiques, puisqu’il s’agit de nazis. Comme c’est pas de chance…
A partir de là, on découvre la tentative de revanche des nazis réfugiés sur la face cachée de la Lune. Pink Floyd, une fois de plus était visionnaire, il se passe bien des choses sur la « Dark side of the Moon ».
- Rire des nazis ? Yes we can !
On apprend que « Le dictateur » de Chaplin est le film préféré du Führer. Si, si. Enfin… les 10 minutes élégiaques où Chaplin joue avec le globe terrestre. Le reste du film a été perdu. Ach ! Gross Malheur !!!
Une charmante professeure apprend aux enfants que les nazis vont revenir sur Terre pour sauver le monde, apporter la Paix et leur immense savoir pour libérer les nations de la pauvreté et la maladie. Comme c’est beau !
- Rire du racisme ? Oui patwon !
La stupeur et le dégoût des bons aryens face à la découverte de l’astronaute noir. Leur candeur serviable, leur bonté, leur générosité pour le transformer en blanc, blond aux yeux bleus est tellement touchante.
- Rire des américains ? « No problemo ! » comme dirait Bart Simpson.
La révolution démocratique est bien en route, puisque après avoir élu un noir à la Maison Blanche, le peuple américain y a amené une femme… qui ressemble étrangement à Sarah Palin en presque aussi énervée.
- Rire de la démocratie ? Chargeeeeeeeeez !
Des nazis partis en éclaireurs sur la Terre vont devenir les conseillers en communication de la présidente yankee en campagne de ré-élection.
- Rire des institutions ? Yeeehaaaa !
L’ONU en prend plein son grade. Tout n’est que coups bas et mensonges…
- Rire du nationalisme ? Gaaaaarde à vous !
Entendre l’hymne déclanche chez les nazis le réflexe de se mettre justement au garde-à-vous et de le chanter à tue-tête. Un bien bel exemple pour nos sportifs si peu respectueux.
- Rire de la guerre ?
Une magnifique opportunité pour une ré-élection. Quelle aubaine !
A un moment, on ne rigole plus. Lors du bombardement de la Lune qui a des échos sinistrement familiers, toujours les mêmes qui subissent… Ce film loufoque reste de bon goût et ne franchit pas la ligne jaune.
Un film donc très drôle, bien filmé, bien joué et bien dirigé. Pourtant, avec tous ces allemands au générique, on pouvait craindre le pire.
Ouf ! On est aussi éloigné de Derrick que possible.
Un vrai film indépendant, monté loin des studios esclaves de la bien-pensante pensée unique où tout finit bien tralala-itou ! Et pour cause, en plus de studios finlandais, allemands et australiens, la production a reçu le concours d’internautes qui on cru dans ce projet dingo, rassemblant ainsi environ un million de dollars.
J’ai eu l’occasion de le voir en avant-première. Vu le circuit de production on ne peut plus exotique, il y a peu de chances d’avoir de la promotion-réclame sur TF1 et France 2. Peut-être sur Canal + qui a l’air un poil impliqué. Je crains que ce petit bijou irrévérencieux passe directement à la case DVD.
Si vous le voyez, jetez-vous dessus, quitte à écraser votre voisin, il le mérite bien, il n’est même pas aryen !
Un tour sur le site officiel : http://www.ironsky.net/
La bande-annonce (que vous pouvez voir sur le site, mais dans mon Infinie Bonté, je vous épargne des clics ravageurs et vous éloigne d'un syndrome carpien fatal...)
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Cowboys et envahisseurs
Ca change de "Cow-boys et indiens"... |
Y a quand même un truc étrange avec les 'tits z'hommes verts... Messieurs Welles et Wells (Herbert George, et p'is Orson) en ont causé, d'abord au 19ème siècle pour HG, Orson a la radio dans les années 30.
A part ces deux illuminés quasi homonymes, qui d'autre ?
… Si ! L'architecte anonyme des pistes de Nazca au Pérou. Et peut-être ses contemporains sculpteurs qui mettaient des casques intégraux de moto GP sur les guerriers des bas-reliefs des temples (du Soleil).
Il a fallu attendre 1947 pour qu'un pilote de coucou américains (le pilote ET le coucou) voient des « chôses » bizarres voler devant des yeux ébaubis de redneck abreuvé de Bud.
Avant, franchement, c'est l'néant.
D'où l'idée rigolote de Joel Silver et Jon Favreau de mêler deux grands mythes yankees : le western et les soucoupes volantes. Mulder & Scully vont faire coucou à Onc' John Wayne
Pourquoi pas ?
Une telle confrontation ne peut qu'apporter du sang neuf dans un genre usé jusqu'à la corde (de pendu) et un peu de pep's dans une mythologie désuète depuis le 09/11.
Voilà pour l'idée de la recette.
Voyons maintenant les ingrédients.
Un beau blond aux yeux bleus : Daniel Craig. Celui qui a ressuscité James Bond après des décennies de mauvais traitement (encore que le court intervalle de Tim Dalton avait de la gueule).
Personnage secret, carrément mystérieux. Qui est-il ? D'où vient-il ? Ou va-t-il ? Il n'est pas bourré, il ne sort pas du bar, et il va coller des mandales en mode rafale à tous les crétins qui regardent d'un peu trop près son blaze !!!
(un p'tit air d'Iron Man, vous ne trouvez pas ?...)
Un autre ex-beau blond, devenu vieux, mais avec une sacrée gueule : Harrison Ford. Excellent choix. Un type qui sait réparer une hyper-propulsion avec un trombone et du papier collant saura forcément s'en sortir dans une telle aventure.
La délicieuse présence féminine (quel est le cuistre qui a dit « potiche »???), Olivia Wilde, est une ancienne interne de l’hôpital Machin-Bidule dans le New Jersey où elle a supporté les humeurs et la bile d'un chef de service claudiquant autant que méchant.
Voilà, sur le papier, c'était le tiercé gagnant de l'été 2011. En guise d'échantillons, on a eu une bande-annonce qui pétille plus que du champagne à l'ecstasy. D'abord de la baston en 3D et audio 5.1 Haute Définition, de quoi combler d'aise le geek frénétique de coup de triques inter-galactiques !!! Ensuite, la promesse de voir l'héroïne un peu plus dénudée que les sept dixièmes de secondes de ce (strip) tease(r) infernal. Garçon ! Un tonneau de bromure, siouplé !!!
http://www.youtube.com/watch?v=lwJ_i1N-Rr8
A l'arrivée, c'est à peu près aussi excitant que les hamburgers vedettes en série limitée du Quick ou du Mac Do'. Et c'est là qu'on se dit... Damned ! Pourquoi suis-je si bête ?
Car ce cocktail improbable avait bien un potentiel digne d’une mine d’or, mais là où ça coince principalement. Le cocktail ressemble en fait à un mélange d’huile et d’eau : en un mot, ça ne prend pas. Ca reste un western ET un film de SF.
Tant que ça reste du western, jusqu’à la moitié, c’est pas mal du tout. Une copie assez fidèle des westerns spaghettis grande époque. Le héros est un salaud, son ennemi aussi, où sont passés les gentils ? Zut… y en a pas… Et c’est ça qui rend le truc sympa !
La 1ère apparition des aliens est bluffante. Ouaaaaaaaaaais !!! Jubilation intense : ça va dépoter férocement !!!
Ben, non… au fur et à mesure que les aliens montrent le bout de leur groin, on y crois de moins en moins. La surprise se dégonfle comme un soufflé dépressif et devient à la fin pas plus attrayant qu’une crêpe trop cuite et refroidie.
La motivation des aliens rejoint celle des humains : de l’or, de l’or, encore de l’or. Du coup, ça les met au même niveau que les chimpanzés que nous sommes… Damned !
D’ailleurs, ils ne sont pas très très beaux ces extra-terrestres, ou plutôt pas assez vilains ? Non, ils ne sont pas assez effrayants, voilààààààààà !
Le mètre-étalon en matière d’alien flippant reste justement l’Alien avec un grand « A » du sieur H.R. Giger. Mais plus récemment, la bestiole de « Super 8 » était pas mal du tout. Comme quoi, quand on veut, on peut !
L’attaque commando des cow-boys alliés temporairement aux indiens donne plutôt envie de les qualifier de « bergers + peaux-rouges » tellement l’impact est faible.
Est-ce le mélange des genres qui portait en lui l’échec en gestation ?
Pas forcément. Je me souviens que mon père qualifiait « Star Wars » de western galactique. Il n’avait pas tort, on y retrouvait pleins d’ingrédients : héros solitaire, duels, jeune femme à sauver, attaque de l’Etoile Noire = attaque d’un Fort ennemi. Bon, d’accord, c’est un peu capillo-tracté et on retrouve aussi ces ingrédients dans les romans moyenâgeux. Et alors ? Le western est une version ‘ricaine des tragédies antiques.
De toute façon, l’équation Space Opera = Space Western tient assez bien la route du raisonnement tortueux et malhonnête de ma démonstration. « Galactica », c’est-y pas un western aussi ?... Bon, OK, j’arrête avec ça…
« Mad Max », plus récemment « Le livre d’Eli », « Resident Evil : extinction », « Le fléau » (de Stephen King), la série « Jericho » sont des westerns post-apocalyptiques.
Je parlais des « Mystères de l’Ouest » : James Bond chez les cow-boys, mélange de genres.
Il y a aussi « Retour vers le futur III » : voyage dans le temps, mélange de genres, la suite.
« Mondwest » dans les 70’s, film d’anticipation avec des robots destroys, certes, MAIS dans un univers essentiellement far-west.
Tout ça pour dire que le mariage de la carpe et du lapin peut marcher.
Là où Favreau s’est planté, c’est dans la partie SF trop faiblarde par rapport au début western.
Bons points (ou poings ?) pour :
- Daniel Craig, salopard amnésique, qui hésite toujours entre sa part intrinsèquement immonde d’ancien gangster et sa nouvelle droiture conséquente au re-formatage de sa cervelle. Ou pour faire plus simple sa nature de type bien avec des instincts de brute.
- Harrison Ford cabotine avec des références à Han Solo et Indiana Jones, le coté voyou en plus. Il assume son âge, ce n’est pas plus mal, c’est surtout largement moins ridicule que les « Expandables » qui dégomment tout à plus de 60 piges…
Olivia Wilde méritait quand même bien plus que la suggestion de son apparition nue sortant des flammes… Dommage…
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Michel Gondry, le doux rêveur...
Je suède, tu suèdes, il suède, nous suèdons,... |
Michel Gondry est un rêveur dingo. Jettez un œil sur ses clips vidéos : « Comme un caillou qui roule » ou ceux de Björk, ça donne déjà une idée de la configuration neuronale particulière du monsieur.
http://www.dailymotion.com/video/x2bucc_the-rolling-stones-like-a-rolling-s_music?search_algo=2
Le zouave a fait des clips, des pubs… Bref, encore un de ces excités qui fait des films comme on vend des voyages en avion ou de la vodka, serez-vous tentés de soupirer… Comme je vous comprends ! Les années 80 en ont balancé de ces réalisateurs tout en frime, le meilleur exemple repassé récemment sur une chaîne TNT-esque (it’s dynamaaaaïïïte !) est Russel Mulcahy avec son « Highlander ». C’est pourtant le meilleur de la série, le dernier film avec Christophe Lambert avant qu’il ne se nanardise totalement. Oh, nom de Zeus, comme ceci a mal vieilli…
Gondry, c’est tout autre. Je donne rendez-vous à « Eternal sunshine of the spotless mind » dans 20 ans. Je suis prêt à parier que ce film aura gardé de sa charge émotionnelle. Les effets de mise en scène ne sont pas ancrés dans les années 2000. Et l’histoire est tellement belle. Elle renvoie à tellement d’expériences que tant de monde a pu vivre ; à commencer par toi, hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ; et toi aussi, délicieuse lectrice, toi que je ne pourrai jamais autant toucher que le rustre que tu t’es choisi pour idéal…
Gondry offre à Jim Carrey l’un de ses plus beaux rôles de sa face « sérieuse et émouvante ».
Introverti, timide et maladroit, Joel Barrish est l’emblème de tous les garçons qui restaient bloqués face aux filles, non pas par bêtise, mais par un respect paralysant : « …qu’est-ce que je peux lui dire ?... non, pas ça, c’est trop bête, ça serait la prendre pour une conne… »
Face à Joel, Kate Winslet est Clementine, tout son contraire : exubérante, pétillante, du Champagne secoué et bien agité.
Alors, l’histoire des contraires qui s’attirent et se complètent, gnâ-gnâ-gnâ… Ca marche dans les films, oui, pas dans vraie vie !!! Sad, but true…
Ca foire donc leur histoire… Clémentine choisit de faire effacer ses souvenirs par une entreprise qui trafique le cerveau pour dégommer nos expériences fâcheuses. Du Total Recall à l’envers, quoi.
Quand Joel découvre ceci après leur rupture, il décide de faire de même, ultime dépit mimétique de l’ancien amant.
Sauf que pendant l’intervention qui a lieu sous anesthésie, bien qu’inconscient, Joel change d’avis. Il va lutter contre le processus de destruction de souvenirs, il va se battre, car finalement, même séparé d’elle, il l’aime encore. … Excusez-moi, je m’arrête 2mn, je vais me chercher des mouchoirs, c’est trop émouvant… snif…
Mélange de rêves, de souvenirs, qu’est-ce qu’un souvenir, si ce n’est un rêve que l’on se repasse en cinémascope à 4 heures du matin ? « Eternal sunshine… » est un bonbon acidulé qui nous laisse un gout amer.
Pour son deuxième film américain, « Soyez sympas, rembobinez », l’ami Gondry donne dans la nostalgie attendrissante (pléonasme, je sais).
http://www.dailymotion.com/video/x4grrb_official-teaser-soyez-sympas-rembob_shortfilms?search_algo=2
Danny Glover est Mr Fletcher, un vieux gérant de vidéoclub à l’ancienne, comprenez : cinéphile averti. Il loue encore des VHS alors que le DVD a gagné la bataille technologique depuis longtemps. Il connait personnellement tous ses clients, c’est aussi une encyclopédie du cinoche. On va chez lui aussi bien pour voir un Chaplin que « SOS Fantômes ». Hééééé oui… ces vidéoclubs qui avait un choix de film énooooorme…
Le vieil immeuble qui abrite le magasin de M. Fletcher est rongé jusqu’à la moelle. Il doit être détruit pour y mettre un centre commercial. Une partie de l’histoire du quartier s’en va. Le club qui s’en disparait, ce sera aussi la mémoire culturelle cinéphile qui s’évanouira.
Peinture idéalisée d’un quartier idyllique où tous les gens se connaissent et s’aiment bien, où les voyous se font remettre en place simplement en leur tirant l’oreille (bon, d’accord, une clé de bras). Encore du rêve, M. Gondry ?.. . Oui, encore du rêve… Mais ça fait du bien, tellement de bien… Ca change des vieux acariâtres qui font la gueule du soir au matin, des jeunes susceptibles qui réclament du RESPECT en te gueulant dessus à 85 db…
Jack Black est Jerry, un doux dingue (quelle surprise !) qui accidentellement efface toutes les VHS du magasin. En l’absence de M. Fletcher, Mike, son fils adoptif panique totalement !!! Le club est fichu, comment faire ???
Commence là une idée complètement farfelue, absurde, mais tellement drôle et sympathique : refaire avec les moyens du bord les films détruits ! Les clients ne sont pas si dupes, mais ils adhèrent au concept loufoque, et c’est un succès. Un tel succès qu’il pourrait permettre à M. Fletcher de racheter son local et bloquer ainsi la destruction de l’immeuble.
Malheureusement, suite au succès de ces films « suédés » (néologisme décrivant le procédé de « remake artisanal ») le FBI l’apprend et décide d’agir en détruisant tous les films au nom du Copyright :
Amen.
Ite missa est.
Autrement dit, c’est fichu, il n’y aura jamais assez d’argent pour racheter le local avant la date buttoir. Il faut mettre la clé sous la porte.
En ultime soubresaut communautairement solidaire (et réciproquement), un film racontant la vie de Fats Waller va être tourné avec tout le monde, chacun y participera. Documentaire totalement fictif, car Fats n’a jamais habité ce coin, il reste dans la tradition de la jolie fable que racontait M. Fletcher à Mike. Belle histoire car Fats Waller était un bon vivant, sa musique était belle et joyeuse, et en disant qu’il était né dans l’appartement au dessus du vidéoclub, M. Fletcher apportait de la joie et de la bonne humeur au p’tit orphelin qu’il avait recueilli.
L’histoire se termine avec la projection de ce film amateur et approximatif, c’est un succès. Et aussi un énorme malentendu, car dehors, les spectateurs qui voient le film sur l’écran blanc sans entendre le son s’esclaffent sur la dernière scène : la mort de Fats Waller. Ils ne comprennent pas… ils ne comprennent pas que tout est fini…
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Comprendre la crise financière avec "Margin call"
Vous, vous êtes la sardine minuscule qu'on ne voit pas, là... |
Où sommes-nous ? Dans une banque ou un organisme financier, c’est assez flou… Une armée de golden boys’n’girls devant des écrans d’ordinateurs aussi ésotériques que ceux de Matrix.
Ca commence par une vague de licenciement brutale comme un coup de hâche à la Conan. Sans prévenir, une brigade de nettoyeurs convoque des cadreux et cadreuses en costard-cravatte-tailleur-talons pour leur dire de dégager et plus vite que ça siouplé.
Puis le mini-discours du chef de service : « Bravo, vous avez survécu, car vous êtes les meilleurs ! C’est comme ça que cette boite fonctionne depuis un siècle, et ça continuera ! ». Amis du libéralisme sauvage et broyeur, bonjour !!! Parenthèse politique : ceux qui trouvent notre modèle social français trop gentil, trop contraignant et rêvent devant le modèle US devraient regarder ces 10 mn, et on en recause après…
L’un des « vieux » (la cinquantaine) viré à grand coup de pieds dans le fondement a tout juste le temps de laisser une clé USB à un p’tit nouveau encore sous le choc.
Tard le soir, très tard, le môme dépiaute les infos de la clé et découvre le pot aux roses fanées et puantes : la boite a dépassé à plusieurs reprises les limites de solvabilité… ???... La limite de l’indice de volatilité est franchie… ??? … Bon, j’vous la fait en français… « Ils se retrouvent avec le plus gros sac de merde de l’histoire du capitalisme !!! »… Capito ?
Réunions de crise toute la nuit entre le Big Boss Vampire qui arrive en hélicôôôtère, le comité de direction qui fait dans son froc, et les puceaux de la finance qui ont découvert le bouzin.
Passionnant comme idée de film, heing ? Sur le papier, c’est aussi excitant qu’un tableau Excel remplis ras la gueule de chiffres, graphiques et tout et tout.
Mais le réal’ et les acteurs arrivent à vous scotcher à votre fauteuil aussi bien que Bruce Willis quand il sauve le monde. Car on comprend comment la merde de 2008 a commencé, et on comprend le pouvoir de ces ### de boites sur le reste du monde…
Jeremy Irons est inquiétant dès son premier regard. Son arrivée théâtrale y est pour beaucoup, aussi. Le coup de l’hélico, la tronche décomposée des cadres sup’s. Paf ! Avec son regard de vampire et son sourire de ghoûle, il est parfait. Parfait de cynisme et de réalisme. « Etre le premier, le plus intelligent, ou le plus tricheur… Surtout le premier… » Voila pour le cynisme. Et pour le réalisme, son explication de la société de consommation et des organismes financiers est malheureusement bien vraie…
Kevin Spacey en chef de service, complètement à l’ouest. Il pleure sa chienne morte, reste dans cette boite, orchestre la ruine de milliers de personnes, tout ça parce qu’il a besoin de fric… Comme nous tous, certes… mais avec des états d’âmes vite étouffés par des $$$...
Demi Moore est depuis ses multiples opérations de chirurgie esthétique parfaite en femme fatalement froide et inhumaine. On arrive toutefois à voir des sentiments sous ce lifting d’executive woman impitoyable.
Un p’tit chef donne le détail de ses dépenses de l’année dernière : 2,5 millions de dollars. Avec une précision comique sur le poste budgétaire de l’alcool et des putes, à la centaine de dollar près…
Ce film n’est pas un thriller. On sait d’avance ce qui va se passer, comme dans Titanic, ou la vie de Louis XVI. Le tour de force réside dans la description de l’amoralité plutôt que la dénonciation. Evidemment que c’est scandaleux ! Mais répéter pendant 1h3/4 « c’est scandaleux, c’est ignoble, c’est inadmissible », bref, user son dictionnaire de synonymes n’apporte rien au schimilimilik.
Montrer les nuances de cynisme, de scrupules, d’arrogance, de cupidité, d’inconscience suffit à dénoncer le système.
…Bon, alors… quand est-ce qu’on la fait la Révolution ?
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Quand l'type débarque... (When the man comes around)
Johnny & June |
Vous dire à quel point je déteste la country relève du pléonasme militant le plus flagrant. Etant d’une mauvaise foi d’autant plus féroce que la Foi ne me manque pas, j’en rajoute dans l’ignoble. Et en plus mon foie supporte mes accès de folie nutellesque avec pour conséquence vengeresse l’accroissement non marginal de mon tour de taille. Et pour finir, comme le diabète me guette (because Nutella), je ne me souviens plus de la dernière fois où je vous entretenais de cette haine de musique de ploucs, ignares, racistes, dégénérés et consanguins qu’est la country.
Une bonne dose de KKK, une louche de « Délivrance », une livre de ce cher « Inspecteur Harry », quelques mariages consanguins à la « Massacre à la tronçonneuse » ou « La colline a des yeux ». Brandissez non pas fièrement, mais haineusement le drapeau américain, le tout au son de guitares sautillantes toujours sur le même gimmick, agrémentés de pedal steel larmoyantes, avec un chanteur qui récite des conneries passionnantes comme les « Pages Blanches », forcément, elles ne risquent pas d’être « Jaunes » ces putains de pages.
Etant fan de jazz (un peu), rythm’n’blues (beaucoup), funk (à la folie), blues (passionnément), bref, de presque toutes ces musiques inventées par les noirs américains, je tombe dans la bobo-attitude qui consiste à rejeter ce qui vient des red-necks blancs et racistes.
Quelle connerie pourtant !
Quelle image d’Epinal (Wisconsin) à la noix ! Il y a eu pleins d’échanges culturels entre noirs et blancs, et ce, à la fois dans le blues et la country. Ray Charles était un grand fan, il ne loupait jamais le « Grand Ole Opry », LE festival de référence des péquenots à la sauce BBQ.
Et il suffit d’écouter pleins de chansons country pour y déceler des influences noires évidentes.
Alors, tout ça pour quoi ? Ben, pour vous démontrer par l’absurde, ô amis bobos, qu’être fan de country ne signifie pas bouffer du négro ! Capito ? … Bene !
Voilà pour cet intro didactique, démonstrative, et je l’espère pas trop rébarbative.
C’est pas pour autant que j’aime la country (oh, non…il continue…), j’accroche pas, c’est tout, ça me passe au-dessus, à coté, en dessous, bref… je ne me prends pas le truc en pleine poire comme du B.B. King années 60, du Led Zep, du Pink Floyd ou du Gary Moore.
Certainement une réminiscence d’Yvette Horner, certainement…
Alors, voyez-vous, malgré mon manque d’intérêt de la Chose des Questions Paysannes des conducteurs de tracteurs à moteur de Chevrolet Corvette, je tombai récemment en arrêt sur une reprise de « Nine Inch Nails » par Johnny Cash. La chanson s’appelle « Hurt ». La version du psychopathe Trent Reznor est dépressive comme un meeting d’un Bayrou sous Valium. Le Johnny « Man in Black » Cash en a fait le testament d’un homme usé résigné à y passer..
Car si officiellement Cash est mort le 12 septembre 2003, il est en fait un fantôme depuis la mort de June Carter le 15 mai de la même année. Un spectre qui met en ordre ses dernières affaires avant de partir pour de bon. Leur relation était vraiment intense à l’image de Paul et Linda Mc Cartney. D’ailleurs, regardez Paul, il vieillit seulement depuis la mort de Linda… Elle était son élixir de jouvence.
...Tout ceci serait fort beau et romantique pour expliquer la nature crépusculaire des derniers enregistrements de Cash, les « American recordings », mais, en fait, il faut être un brin honnête. Bien avant la disparation de sa femme, il était déjà bien malade, et se savait condamné. Hé-ni-ouais, c’est grâce à Rick Rubin, producteur touche à tout que l’on doit les plus beaux disques du vieux Johnny.
En 1994, après plusieurs échecs commerciaux, Rubin enregistre Cash tout seul, ou presque, sur « American recordings 1 », et là… paf ! Reconnaissance élargie au-delà de son public habituels de culs terreux (ou culs trempés, autrement dit, des soggy bottoms…)
La recette de Rubin est d’une simplicité désarmante : dépouiller, enlever les fioritures, pour ne garder que la voix, quelques instruments, pas d’effets spéciaux numériques indigestes à base de Pro-Tools et autres gadgets qui font chanter juste. Pas d’orchestration sirupeuse dégoulinante de ketchup. L’œuvre au noir, raclée jusqu’à l’os…
Et ça marche !
Après m’être pris en pleine poire la version de « Hurt », je me suis donc procuré le 4ème volume de ces « American recordings », le dernier de son vivant.
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1ère chanson : Une chanson originale de Cash, « The man comes around », est une histoire hallucinée d’apocalypse, le truc à flanquer la chair de poule quand on s’y attarde un peu. Un crachement de 78 tours en intro avec une voix de prédicateur agonisant, et ensuite une voix, deux guitares, un piano-tocsin tellement il est lourd et grave. Et rien d’autre. Et ça marche. L’antithèse parfaite des bidules surproduits. L’émotion, la force d’un gars qui a encore quelques as dans ses manches et ses colts à portée de main.
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2ème chanson : « Hurt », évoqué précédemment. D’une chanson finalement banale, il en fait un sombre constat prémonitoire de son veuvage. On ne peut que penser à June Carter en écoutant cette chanson, et pleurer avec lui sur la disparition de la femme de sa vie.
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3ème chanson : « Give my love to Rose ». Encore une composition de Cash, mais une vieille, de 1960. Une histoire d’amour qui montre que les pignoufs yankees ont des états d’âme comme les blackos.
CQFD.
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4ème chanson : « Bridge over trouble water », environ 3 octaves plus bas que Paul Simon et Art Garfunkel. Toujours dans cette ambiance crépusculaire qui conviendrait parfaitement à un western du Maître Eastwood. « Good rendition » diraient les ricains, maintenant, avec le matériau de départ, faut vraiment être truffe ou sortir de l’Académie des Etoiles pour foirer le boulot.
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5ème chanson : « I hung my head » de l’ancien Poulet Peroxydé. Encore une fois, c’est 3 octaves en dessous de la version originale. On vire les arpèges de gratte électriques crunchy. La batterie et ses contre-temps rigolos (un mélange de différentes mesures en fait) ? Ouste de d’là ! Le saxo springsteenien dégage. L’orgue itou… Bref, toute l’orchestration complexe, pourtant de bon gout du père Sting dégage.
Il reste quand même le parfum springteenien de la chanson, mais on est plus du coté de « Nebraska » que du « E Street Band » lâché pied au plancher de la Ford Mustang 65.
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6ème chanson : « The first time I saw your face ». Une chanson d’Ewan Mc Coll de 1957. Encore une déclaration d’amour à sa femme. Par rapport aux très très nombreuses versions de ce standard (ya eu même Nana Mouskouri, c’est dire !), celle-ci est celle d’un vieil homme qui la dédie à sa toujours belle femme. Vous ne me croyez pas ? Cherchez un peu des photos de June Carter, vous verrez qu’elle est restée une très belle femme jusqu’à la fin.
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7ème chanson : « Personnal Jesus », reprise de Depeche Mode. Evidemment, comme le père Cash est devenu bigot sur la fin de sa vie, on a encore droit à des considérations de curetons. C’est plutôt la confession d’un vieux lascar qui a usé sa vie par tous les bouts et qui règle aussi ses notes avec son Dieu. Le tout sur fond de piano bastringue et guitare folkeuse par John Frusciante, décidément bien diminué et éloigné de ses lumineuses parties de guitares d’il y a 20 ans…
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8ème chanson : « In my life », reprise des Beatles. Au détail de la grosse voix de Papy Cash, on est assez près de l’esprit de la chanson bourrée de nostalgie d’un Lennon vraiment inspiré. Lennon s’imaginait la nostalgie, Cash la vit, big difference, et ça s’entend.
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9ème chanson : « Sam Hall », jusqu’ici, on pouvait croire que le vieux rebelle Cash était devenu un mouton mourant. Avec ce traditionnel, il nous dit le contraire ! Ah ah ah ! Et c’est aussi une bouffée de revendication roublardement délinquante d’une vie d’emmerdeur professionnel.
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10ème chanson : « Danny Boy », on file chez les irlandoches cuver une cuite au whiskey tellement l’ambiance et lourde, et disons le … assez sinistre. Une chanson de funérailles ? Oui, tout à fait.
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11ème chanson : « Desperado » des Eagles. Encore un truc pour faire passer Cash pour plus méchant qu’il ne l’était, il endosse le costume romantique du hors la loi western. Très proche des Eagles, mais avec toujours cette voix grave décidément vraiment envoutante. Toujours très dépouillée, on a droit à quelques chœurs en plus. Rien de très clinquant. Ca reste sobre.
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12ème chanson : « I’m so lonely I could cry ». Une reprise d’Hank Williams. Ya vraiment pas que les bluesmen noirs qui chialent en se levant le matin tout seuls dans leur pieux. Les countrymen blancs aussi... La preuve avec Nick Cave qui accompagne Cash dans son bourdon.
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13ème chanson : « Tear stained letter ». Tiens, une batterie ! Mais le cogneur de service a sorti les balais et swingue avec un piano de saloon et une gratte acoustique pour raconter encore une histoire bien triste sur un rythme sautillant. C’est sûr, ça aide. Et pis, faut pas chialer tout l’temps, sinon, on se jette du haut du Grand Canyon !
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14ème chanson : « Streets of Laredo ». Un traditionnel. Un type en train de crever qui raconte son histoire à un mec plus vivant. Dépressifs anglophones, passez votre chemin y a de quoi se flinguer. Les autres, vous pouvez écouter, c’est une jolie ballade magnifiquement rendue par Cash.
- 15ème chanson : « We’ll meet again ». Une vieille chanson de 1939 par Vera Lynn (les fans de Pink Floyd la connaissent un peu). Une chanson pour les soldats qui se voulaient optimistes ou mystiques au départ de la guerre.
En résumé, Johnny Cash fait vivre ces chansons plus qu’il ne les interprète. Et ça, ça vous touche en plein cœur, même si vous détestez la country autant que moi !!!
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